Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


— Cet homme a toutes les audaces !

— Où est le mikado en ce moment ? demanda le prince.

— Dans la forteresse de Nisio-Nosiro.

— Je l’avais pensé, et je crois m’être rencontré avec toi dans le plan du combat.

— Ce serait pour moi un honneur, dit le général.

— Ton armée va s’étendre, je pense, par cette rue, comme un lac qui devient fleuve, et envelopper l’ennemi. De cette manière elle le séparera des rives du Kamon-Gava, et isolera les assaillants, assez peu nombreux, il me semble, de la forteresse. C’est vers elle que tu dois te replier, afin de t’abriter derrière ses murs.

— C’était, en effet, mon projet d’agir ainsi, dit le général ; mais, sans ton secours, je n’aurais sans doute pu parvenir a forcer les rangs ennemis.

— Eh bien, maintenant conduis tes hommes vers la forteresse, tandis que je vais retenir ici aussi longtemps que possible nos adversaires.

Le général s’éloigna.

Les soldats d’Hiéyas revenaient ; le commencement de panique s’était calmé ; par toutes les ruelles de gauche, ils attaquèrent la rue qui les séparait de la rivière ; on les reçut par des coups de fusil et des volées de flèches ; ils reculaient, puis ils revenaient.

— Il faut barricader ces ruelles, dit le prince.

— Avec quoi ?

Les maisons hermétiquement closes semblaient mortes, leur seul aspect, muet et aveugle, faisait comprendre que frapper serait inutile et n’éveillerait aucun écho dans l’âme des habitants terrifiés.

On arracha les volets, on effondra les fenêtres, les