Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/373

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débarrassent cette jeune fille de ses vêtements mouillés et souillés de boue. Appelez aussi le médecin du palais.

On enveloppa Omiti dans les fourrures les plus douces ; on ranima les flammes du brasier allumé dans un grand bassin de bronze. Le roi arriva bientôt. Du seuil de la chambre, par le panneau écarté, il vit la jeune fille au milieu de cet amoncellement d’étoffes et de toisons superbes. Il poussa un cri de joie et s’élança vers elle.

— Omiti ! s’écria-t-il, est-ce que je rêve ? C’est toi ! Après une aussi longue séparation, tu m’es donc enfin rendue !

Au cri poussé par le roi, la jeune fille avait tressailli. Elle ouvrit les yeux. Le médecin arrivait tout essoufflé ; il s’agenouilla près d’elle et lui prit la main.

— Ce n’est rien, dit-il, après lui avoir tâté le pouls attentivement : un évanouissement sans gravité, déterminé sans doute par le froid et la fatigue.

Omiti, de ses grands yeux surpris, ombragés par de longs cils qui palpitaient, regardait tous ces personnages groupés autour d’elle. Elle voyait le roi à ses pieds ; debout près d’elle, le prince de Nagato, dont le beau visage lui souriait ; puis la face grave du médecin, rendue étrange par une énorme paire de lunettes. Elle croyait être le jouet d’un rêve.

— Souffres-tu, ma douce bien-aimée ? dit Fidé-Yori en prenant la petite main d’Omiti dans les siennes. Que t’est-il arrivé ? Pourquoi es-tu si pâle ?

Elle regardait le roi et écoutait ses paroles sans les comprendre. Tout à coup le souvenir lui revint ; elle se leva brusquement.

— Il faut que je parle au siogoun ! s’écria-t-elle à lui seul, tout de suite !