lui souriait. Elle baissa aussitôt les yeux et regarda attentivement les fleurs brodées sur sa manche, puis, relevant la tête, elle parut suivre attentivement le cours de la représentation.
Lorsque le rideau se baissa pour la dernière fois, au milieu du brouhaha des conversations, reprenant après un long silence, lorsque l’agitation succéda à l’immobilité, une femme s’arrêta devant Nagato.
— Je sais ton secret, prince, lui dit-elle d’une voix basse, mais pleine de menaces.
— Que veux-tu dire ? s’écria Nagato. Je ne te comprends pas, Fatkoura.
— Tu me comprends très bien, reprit Fatkoura en le regardant fixement, et tu as raison de pâlir, car ta vie est entre mes mains.
— Ma vie, murmura le prince, je bénirai celui qui m’en délivrera.
La jeune femme s’était éloignée, mais un grand mouvement se produisait du côté de la reine, toutes les dames d’honneur s’étaient levées et le silence se rétablissait dans l’assistance.
La Kisaki descendait les degrés de son trône. Elle s’avança lentement dans la salle, traînant derrière elle des flots de satin. Les princesses, par groupes, selon leur grade, la suivirent à distance, s’arrêtant lorsqu’elle s’arrêtait. Tous les assistants s’inclinaient profondément sur son passage ; elle disait quelques mots à un daïmio illustre ou à une femme de haute naissance, puis continuait son chemin elle arriva ainsi devant le prince de Nagato.
— Ivakoura, dit-elle, en tirant de son sein une lettre scellée et enveloppée dans un morceau de satin vert, remets de ma part ce papier à la mère du siogoun. Et elle ajouta plus bas : C’est ce que tu as demandé.