Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/71

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Prends cinquante hommes avec toi et suivez le prince à distance ; s’il est attaqué, portez-vous à son secours ; sinon, rejoignez-le à la porte d’Osaka et remets-lui cette cassette, en lui laissant ignorer que vous l’avez escorté. » Voici, prince ; seulement tu possèdes des chevaux incomparables, et nous avons manqué arriver trop tard à ton aide.

Nagato fut profondément troublé par cette révélation ; il se souvenait avec quelle douceur la souveraine lui avait souhaité un heureux voyage et ne pouvait se défendre de voir une marque d’intérêt pour sa vie dans ce qui s’était passé. Et puis il songeait qu’il allait pouvoir conserver ce trésor, cette lettre qu’elle avait gardée pendant tout une soirée sur son cœur.

Le reste du voyage fut silencieux La fièvre avait saisi Nagato, la fraîcheur de l’aube prochaine le faisait frissonner, et il commençait se sentir affaibli par la perte de son sang.

Lorsqu’on atteignit les portes d’Osaka, le jour se levait.

Tsusima prit dans l’arçon de sa selle une petite cassette de cristal, fermée par un cordon de soie savamment noué.

— Voici, prince, dit-il la lettre précieuse est enfermée dans cette boîte. Au revoir. Puissent tes blessures se guérir promptement !

— Au revoir, dit Nagato merci encore d’avoir risqué ta précieuse vie pour la mienne qui vaut peu de chose.

Après avoir salué toute la petite troupe des cavaliers, Nagato s’enfonça sous une des portes de la ville et, piquant son cheval, il eut bientôt gagné le palais.

Lorsque Loo vit arriver son maître, pâle comme un