trembler un coffret de cristal qui scintillait dans sa main.
Le général Yoké-Moura courut à lui.
— Quelle folie, prince ! s’écria-t-il ; après avoir perdu tant de sang, et malgré les ordres des médecins, tu te lèves et tu marches !
— Mauvais ami, dit Fidé-Yori, ne cesseras-tu donc point de jouer avec ta vie ?
— Je deviendrai l’esclave des médecins pour obéir à l’intérêt peu mérité que vous me portez, dit le prince, lorsque j’aurai accompli la mission dont je suis chargé.
Hiéyas, plein d’inquiétude, s’était enfermé dans un mutisme complet ; il observait et attendait tout en jetant souvent un regard vers la porte comme s’il eût voulu fuir.
— C’est à genoux que je dois te présenter ce coffret, et c’est à genoux que tu dois le recevoir, dit le prince, car il contient un message de ton seigneur et du nôtre, de celui qui tient son pouvoir du ciel, du Mikado tout-puissant.
Nagato se prosterna et remit la cassette au siogoun, qui la reçut en ployant le genou.
Hiéyas sentait bien que cette cassette contenait sa perte définitive, et il songeait que, comme toujours, c’était le prince de Nagato qui triomphait de lui.
Cependant Fidé-Yori avait déployé le message du Mikado et le parcourait des yeux. Une expression de joie éclairait son visage. Il leva un regard humide vers Nagato, songeant à son tour que c’était toujours par lui qu’il triomphait.
— Prince de Satsouma, dit-il bientôt en tendant la lettre au vieux seigneur, faites-nous, à haute voix, la lecture de ce divin écrit.
Le prince de Satsouma lut ce qui suit :