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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/141

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le collier des jours

étroit, pavé, mais surplombé par un plafond et aboutissant à une autre porte massive, jalousement fermée et qui ne devait pas s’ouvrir souvent, car la poussière amassée en calfeutrait les rainures. À droite, près de cette porte, s’arrondissait une sorte de tourelle en chêne, dont je ne compris pas la fonction ; à gauche, le long du mur de la rue, s’ouvrait un couloir, et c’est de ce côté que la sœur nous guida. Ce couloir desservait une suite de cellules, dont chaque porte était marquée d’un numéro. L’une d’elles, entr’ouverte, laissait échapper un bruit de voix nombreuses. Trois dames, assises, emplissaient l’étroit espace, où on nous introduisit, des plis soyeux de leurs robes. Le fond de la cellule était fermé, de hauteur d’appui jusqu’au plafond par une grille de bois noir, formant de petits carrés, derrière laquelle s’agitait une ombre voilée.

Mais les trois dames s’emparèrent de moi, parlant toutes à la fois, en italien, avec des voix très sonores ; et je les regardai d’un air passablement ahuri.

L’une des inconnues me fit l’effet d’un personnage des contes de fées, la reine des : Il y avait une fois…, ou la marraine qui change les citrouilles en carrosses, et les rats en laquais poudrés. Elle était grande, très forte, très majestueuse, très colorée, dans une toi-