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le collier des jours

savante, au lieu de penser à me sauver du couvent…

Oh ! ça, c’était décidé ; je voulais bien travailler, mais ailleurs.

Un bruit léger de porte, le rideau noir glissant derrière le grillage, et la sœur Marie-Jésus, d’une voix douce et sans timbre, nous avertissant que les visites ne pouvaient pas se prolonger au delà de la récréation, et que la cloche sonnait la rentrée en classe.

Déjà !… Elle venait à peine d’arriver, la Chérie !… Je voulais crier, trépigner, mais elle se pencha vers moi, me dit tout bas :

— Prends garde, on ne me laisserait pas revenir.

Cela me calma subitement. Je me collais contre elle, espérant pouvoir m’échapper quand elle passerait la porte de la rue. On se méfiait de moi, car on n’ouvrit pas avant que je n’eusse repassé par le tour.

Je me retrouvai seule, dans la cour vide, le cœur gonflé de chagrin, la gorge serrée, tout près d’éclater en sanglots.

Une grosse religieuse, qui passait, en se hâtant, me prit par la main.

— Venez, mon enfant dit-elle, vous êtes de ma classe ; il faut que je vous présente à vos compagnes et que je vous installe.