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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/204

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le collier des jours

ments, je la menaçais des regrets terribles qui lui viendraient plus tard, alors qu’il ne serait plus temps. Les autres n’étaient pas entrées aussi jeunes, et puis les laides, ça ne faisait rien, le monde aurait été sans doute méchant pour elles, tandis qu’une belle comme elle, c’était un crime.

Elle riait, sûre de son bonheur, fière de se donner à Dieu, sans avoir eu ni déceptions ni tristesses, et à mesure que le jour de sa prise d’habit approchait, sa joie rayonnait de plus en plus.

J’assistai, sans en rien perdre, à cette cérémonie, à ce cruel spectacle, dont tous les détails se sont gravés dans mon souvenir, assez nettement pour qu’il me fût facile, bien des années plus tard, de donner à mon père, lorsqu’il composa son roman de Spirite, tous les renseignements qui lui étaient nécessaires pour la prise de voile de son héroïne.

Il voulut d’ailleurs choisir ce couvent, où j’avais vécu, loin de lui, et un peu contre sa volonté, pour y enfermer la jeune fille déçue par l’amour, de son œuvre ; il en donna même, d’après mes indications, une description assez développée, dans le livre.

On se souvient de cette page que Spirite dicte à Guy de Malivert :

« Le couvent des sœurs de la Miséricorde n’est