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le collier des jours

Quelques nouvelles connaissances fréquentaient la maison de la route de Châtillon, entre autres une vieille demoiselle, qui venait on ne sait d’où, mais me parut, à moi, venir du fond du passé.

Elle s’appelait Mlle du Médic — je crus entendre d’abord du Midi. — Surannée et solennelle, tout en elle était d’ailleurs et d’autrefois. Maigre, grande, d’une suprême distinction, les cheveux du même blanc que son teint, et soigneusement disposés en bouclettes, sous un chapeau d’une forme inusitée ; toujours vêtue d’une robe claire, avec un mantelet de soie changeante, bordé de dentelle, ses longues mains voilées de mitaines en filet blanc. Elle embaumait la frangipane et marchait d’un pas cadencé et pompeux, comme si elle eût fait son entrée à la Cour. Sa levrette Flox, avait l’air d’être en porcelaine ; timide et maniérée, elle retirait ses pattes, aussitôt posées, comme si le parquet l’eût brûlée.

Après des politesses chuchotées et des ébauches de révérences, Mlle du Médic s’asseyait et ouvrait un joli sac garni d’acier, pour y prendre son ouvrage ; elle faisait du filet et parlait d’une voix mystérieuse, tandis que courait sa navette d’ivoire.

Je ne me lassais pas de la regarder et de l’écouter et j’entrevoyais, à propos d’elle, d’im-