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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/71

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XX




Au lieu des fables habituelles, on voulait me faire apprendre des vers de mon père.

Si j’avais été en âge de comprendre, j’aurais connu le poète avant de connaître l’homme ; mais je ne m’expliquais pas la nécessité de cet exercice, et j’y étais très rebelle. Je ne voulais pas non plus écrire, et, entre mon grand-père et moi, commença un duel sans répit. Il était autoritaire et violent ; moi j’étais têtue, au delà de tout ce qu’on peut s’imaginer. Nous perdions de longues heures, en face l’un de l’autre, et c’était à qui ne céderait pas.

Une fois, la lutte se prolongea très tard dans la nuit. Il s’agissait d’apprendre une poésie qui commençait par ce vers :

« Au Luxembourg souvent, lorsque dans les allées »

Je m’arrêtais au premier hémistiche, bien décidée à ne pas aller plus loin, car c’était juste-