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le collier des jours

ayant été contrainte, je manifestai mon déplaisir par un véritable accès de fureur : j’avais saisi, en criant, les doigts du médecin et je m’y cramponnais de telle façon, qu’incapable d’agir, il fut obligé de les secouer vivement et s’écria, très stupéfait :

— Mais qu’est-ce que c’est qu’un pareil petit monstre ?…

Mon agresseur était le docteur Aussandon, un héros et un titan, qui arrêtait les chevaux emportés et se plaisait à aller se mesurer, dans les cirques, avec les hercules célèbres. Mais j’ignorais ces hauts faits, et, nullement intimidée, j’avais accepté le combat.

Je me suis fait souvent raconter par ma mère cet incident qui me semblait prophétique, et exprimait si bien l’opinion que je devais avoir, plus tard, de l’existence.