Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/140

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— La pagode est fermée à cette heure.

— Je saurai me faire ouvrir, dit Ko-Li-Tsin. Mais lorsque j’aurai adressé quelques paroles à Koan-In, qui t’a protégée, j’irai où tu voudras.

— Oh ! oui, dit-elle ; tu viendras. Le bonheur ne nous quittera plus. Tu es riche ? Je ne suis pas pauvre ; nous achèterons une maison loin de la ville, avec un jardin et un lac. Nous nous aimerons toujours ; jamais nous ne resterons l’un sans l’autre ; nous serons semblables aux tendres sarcelles.

— Oui ! oui ! dit Ko-Li-Tsin en souriant.


L’oiseau youen et l’oiseau youan seront jaloux de notre union.

Les Sages immortels se pencheront du haut des nuages pour nous voir,

Et la postérité nous offrira comme exemple aux époux.


— Hu !… fit le cocher.

Et la mule s’arrêta.

— Prends un liang d’or dans ma ceinture et jette le à cet homme, dit le poète en sortant péniblement du char. Maintenant soulève le marteau de la porte que tu vois sous cette voûte, et frappe trois coups, puis deux, puis un seul coup.

Yu-Tchin obéit. La porte s’ouvrit aussitôt.

— En haut les Mings ! chuchota Ko-Li-Tsin au jeune bonze gardien de la porte.

— En bas les Tsings ! répondit celui-ci. Entrez.