Ko-Li-Tsin fit un effort pour se hâter.
— Oh ! qu’as-tu, malheureux ? dit le Grand Bonze. On t’a meurtri à ce point ? Il faut avant tout panser tes plaies et te rendre la vie.
— Yu-Tchin se chargera de ce soin, dit le poète ; allons d’abord vers l’empereur.
— Quelle est cette femme ? dit le bonze.
— Celle qui m’a sauvé et nous a sauvés tous.
— Qu’elle soit la bienvenue !
Et le Grand Bonze, aidant Yu-Tchin à soutenir le poète, gravit l’escalier d’albâtre. Ils arrivèrent en peu de temps au pavillon qu’habitait l’empereur, et entrèrent dans une belle salle peu éclairée de quelques lanternes obscures.
— Approche, dit Ta-Kiang, après que le Grand Bonze l’eut à voix basse prévenu de la nécessité où le Dragon se trouvait de fuir sans perdre un moment.
Ko-Li-Tsin s’avança.
— Permets-lui de ne pas s’agenouiller, dit le Bonze ; il s’est fait presque tuer pour ne pas te trahir, et il est couvert de blessures.
— Tu as fait ton devoir en serviteur dévoué, dit l’empereur ; je te récompenserai. Mais à présent écoute mes dernières paroles. Je pars, je vais, traversant les villes et les villages sur un cheval de bataille, soulever des peuples, entraîner des troupes à ma suite, et, grossissant mon armée à chaque pas, je reviendrai formidable. Toi, reste à Pei-King, et sèmes-y la révolte. Donne des armes à tous les hommes robustes. Je te nomme général de l’ar-