Le geôlier fit un geste qui signifiait parfaitement : Cela m’est bien égal.
— Ne pourrais-tu rien faire pour me distraire un peu ?
Le geôlier secoua la tête.
— Regarde l’horizon et les montagnes, dit-il.
— Je les ai regardés.
— Regarde-les encore.
— Que font les autres prisonniers ? demanda Ko-Li-Tsin.
— Ils geignent et gémissent à m’assourdir.
— Ils ne se promènent pas ?
— Leurs chaînes ne leur permettent même pas de se tenir debout. On leur détache le bras droit seulement à l’heure où ils doivent préparer leur repas.
— Ah ! dit Ko-Li-Tsin, ils préparent eux-mêmes leur repas ? Cela me divertirait peut-être de faire cuire mes aliments.
— Oui ; mais cela me fatiguerait beaucoup de porter ici un fourneau et du bois à brûler.
— Mais, dit Ko-Li-Tsin, tu n’aurais plus la peine de préparer mon dîner.
— Ce n’est pas moi qui le prépare, c’est un prisonnier. Je n’ai la peine que de lui donner quelques coups de bambou.
— Je te donnerai un liang d’argent.
Le geôlier tendit la main.
— Apporte le fourneau d’abord.
— Tu l’auras demain.
— Tu auras ton liang demain.
— Allons, je vais le chercher ; mais tu me don-