le champ désormais célèbre de Chi-Tse-Po. Parti du creux humble de la vallée, j’ai atteint les pics glorieux qui retardent le lever du soleil. Pan-Kou, le premier homme, grandissait d’une coudée par jour ; j’ai grandi de mille coudées par heure. Il y a six mois, j’étais le talon méprisable de la terre ; je suis maintenant le front du Ciel.
— Moi, dit Ko-Li-Tsin, je n’étais alors que poète. Aujourd’hui, après avoir fait bien des métiers, je suis poète et guerrier. Mais quelque chose manque à ma joie. Nous étions trois en quittant le grand champ, sous la lune, nous ne sommes que deux ici.
— Oui, dit l’empereur. Qui donc partit avec moi ?
— Yo-Men-Li.
— J’avais oublié cette enfant maladroite. Qu’est elle devenue ?
— Je l’ignore. Elle est morte peut-être.
— Qu’importe ! il ne faut pas s’inquiéter des fourmis qu’on écrase en marchant.
— Elle t’aimait, cette aimable créature, dit le poète, attristé.
— Ne parle plus de cela, répliqua Ta-Kiang en fronçant le sourcil. Nous touchons au but. Pourquoi n’a-t-on pas encore attaqué la Ville Rouge ?
Le Grand Bonze, qui se tenait immobile à l’entrée de la tente, s’avança et dit, après s’être prosterné :
— Frère Aîné du Ciel, tes guerriers étaient las. Vois d’ailleurs cette fusée devant le rideau de ta tente : quand tu l’allumeras, les quatre parties de