Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/291

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puissante s’éteignait un peu, on entendait les sifflements des flûtes, les déchirements des trompettes et le bourdonnement des tambours.

Un cortège s’avança ; il était composé des chefs de l’armée. Tous portaient au bout de longues piques des dragons, des licornes, des tigres ou des lions en carton doré. Puis Gou-So-Gol parut. Magnifiquement vêtu, il était monté sur un cheval blanc ; et le Grand Bonze, à côté de lui, marchait à pied.

Dès que l’armée vit le jeune vainqueur, un immense cri triomphal s’éleva. Ta-Kiang lui-même descendit de son trône, s’avança hors de sa tente et cria :

— Gloire à toi !

Devant la statue de Koan-Ti, Gou-So-Gol mit pied à terre, et, suivi du Grand Bonze, alla vers elle. Il monta sur l’autel. Il se dressa fier, superbe, dominant la multitude et pareil à un dieu vivant. Les cris d’enthousiasme et d’admiration redoublèrent. Gou-So-Gol était enveloppé de cette caresse farouche et glorieuse. Cependant il levait les yeux vers les nuages et souriait tristement. Bientôt il s’agenouilla sur l’autel, pendant que le Grand Bonze, armé d’une longue lame, s’approchait de lui. Mais en ce moment une jeune femme vêtue d’un costume guerrier s’élança vers Gou-So-Gol et l’enlaça fortement. C’était la jeune épouse qu’il avait conquise à Sian-Hoa.

— Ô mon époux ! s’écria-t-elle, pourquoi m’as-tu caché ta gloire ? pourquoi t’es-tu enfui de moi sans m’annoncer ton triomphe ? Crois-tu donc que mes