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Le Fousi-Yama

des serviteurs nombreux. Elle rappelle, en son principe sinon par sa forme, la coquette chaise à porteurs du XVIIe siècle.

Une grande rivière, le Soumida-Gava, traverse la ville. En suivant son cours, nous arrivons à la baie où sont amarrées force barques de pêcheurs. Tous les jours, ces barques remontent le canal, portant au marché des poissons aussi bizarres que variés : nos truites, dorades, saumons et maquereaux s’y trouvent un peu différents d’aspect et de grandeur ; on voit aussi d’énormes pieuvres, des crustacés et des coquillages de toutes sortes, et jusqu’à des algues comestibles. Les marchands excellent à faire de toutes ces denrées des étalages attrayants, aux couleurs vives, allant du rubis sombre à l’émeraude pâle.


le fousi-yama

Il attire irrésistiblement le regard, ce dôme qui s’élève au sud-ouest, et domine la ville, pâle, rosé, dans une flottante brume bleuâtre qui l’enveloppe tout entier, depuis sa base, qu’elle dissimule au point que la gigantesque montagne semble planer dans les airs. Inspirateur de beaux tableaux, de poésies enthousiastes, il se dresse là depuis des siècles, depuis qu’en l’an 285 avant J. C., en un tremblement de terre violent, il surgit du sol, atteignant du coup près de quatre mille mètres. Tous les Japonais en sont fiers, et l’aiment d’amour, ce Fousi-Yama, autrefois volcan terrible qui,