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Les Temples

Lorsqu’on émerge du portique, on se trouve dans de larges avenues pavées, et bordées de cèdres majestueux. Sous ces arbres, il y a des baraques remplies de poupées de toutes sortes. On avance, et le temple apparaît, imposant, se détachant en rouge sur le ciel vers lequel s’élance sa tour à cinq étages. Cette architecture vient de la Chine, et son caractère principal est la curieuse forme de toitures d’un volume considérable, dont la hauteur embrasse les deux tiers de l’édifice, et dont les bords se relèvent, ce qui est sensible surtout aux angles. L’ensemble donne une impression mélangée de légèreté et de pesanteur à la fois. On traverse le vestibule mystérieux et sombre, où règnent les pigeons sacrés qui vous frôlent en volant et où l’on achète l’encens que l’on veut faire brûler devant les dieux, et l’on arrive dans le temple, salle unique aux larges proportions, à la voûte soutenue par de nombreux piliers rouges à chapiteaux, qu’on ne distingue pas du sol, tellement ils sont haut placés. L’autel resplendit d’or et de lumière au milieu de cette obscurité voulue. On aperçoit des Bouddhas géants, dorés, derrière la grille de fer forgé qui les voile à demi, et tout autour, pendent en hommage des bannières, des lanternes et des fleurs.

Devant l’autel, un énorme brûle-parfums d’un travail fin et achevé exhale la fumée odorante des innombrables baguettes d’aromates que les fidèles y jettent par paquets. D’heure en heure, le voile parfumé devient plus opaque et donne aux choses perçues confusément,