Page:Gautier - Le Japon (merveilleuses histoires), 1912.djvu/51

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pattes et sa longue queue de l’autre côté du couvercle.

Préférez-vous qu’un coin de plage apparaisse sur une planche en bois de mûrier, avec ses crabes, ses herbes, ses coquillages variés ? ou des branches d’or chargées d’oiseaux, traversant des plateaux, des grues d’ivoire volant au-dessus d’un lac de nacre bordé de roseaux d’argent sur les portes d’un buffet, ou bien ce léger croissant qui se montre derrière les sapins ébouriffés ? ou cette lune de métal qui sort d’un nuage et forme un miroir sur le couvercle d’un nécessaire de toilette ? Il est impossible de tout étudier et pourtant le moindre objet mérite l’attention, et l’on s’efforce de tout voir.

Voici un ouvrage qui, pour les connaisseurs, est un véritable chef-d’œuvre, c’est cet écran où dans deux gerbes de paille de riz suspendues à une perche, toute une volée de moineaux cherche un gîte. Les oiseaux sont du même ton que les épis entre lesquels ils se cachent, si bien qu’il faut les regarder de très près et les chercher beaucoup pour les découvrir, et c’est justement là le charme de cette sorte de laque, où des objets s’enlacent ton sur ton, ce qui est, paraît-il, d’une exécution des plus difficiles à réussir.

Un magnifique paravent déploie ses feuilles non loin de là. Le motif ornemental choisi par l’artiste est merveilleusement décoratif, c’est le sol touffu et fleuri d’une forêt. Sur le fond noir de la laque, toutes les herbes folles qui naissent du hasard dans un terrain livré à lui-même, s’élancent et s’enchevêtrent avec