Scène PREMIÈRE
Hélas ! c’est mal ce que je fais là ! Sortir ainsi, la nuit, au lieu de dormir paisiblement, la joue sur l’oreiller de soie. Pourtant, la nuit est arrivée à mi-chemin dans le ciel, et tous les rêves commencés sont à la moitié de leur cours. Mais la nuit est longue et fiévreuse pour celle qu’une pensée tyrannique tient éveillée.
Je tremble comme un voleur ! Serais-je coupable vraiment d’être venue respirer la douceur de cette nuit de printemps ?… Non, mais… suis-je bienvenue pour cela seulement ?… Pourquoi donc, au lieu de réveiller ma suivante Fan-Sou pour la prier de m’accompagner dans cette promenade, me suis-je glissée silencieusement le long des rampes, en retenant les perles sonores qui bruissent à ma ceinture ! Pourquoi, depuis plusieurs nuits, le sommeil s’éloigne-t-il de moi ? Et pourquoi, pendant ces longues veilles, ai-je secrètement brodé sur un sachet odorant des sarcelles de soie qui voguent côte à côte sur un lac en fil d’argent ?… Je n’ose m’avouer à moi-même que j’ai brodé ce sachet pour un jeune voyageur qui loge