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LE FRUIT DÉFENDU


C’était à Canton. Une nouvelle année commençait la neuvième du règne de l’empereur Tao-Kouang. Une foule compacte et joyeuse cachait presque entièrement le sol de la rue des Marchands-de-Lanternes, qui est cependant la plus large de la ville.

Sous les rayons perpendiculaires du soleil, car on était à la douzième heure, les vives couleurs des calottes neuves, les miroitements des soies fraîches, les scintillements des bijoux grossiers, formaient comme les vagues d’un fleuve jonché de fleurs, entre les façades jaunes des maisons, décorées de banderolles jusqu’à leurs toitures, à l’angle desquelles des dragons verts éclataient de rire.

Le premier jour de l’année, des vendeurs ambu-