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LE PARAVENT DE SOIE ET D´OR

le volant était tombé dans l’un des petits lacs artificiels.

— Oh ! Oh ! A-Tei, s’écria la jeune maîtresse en voyant le volant dans l’eau, ma mère s’apercevra que nous sommes sorties de notre jardin réservé. Tu es méchante de m’avoir entraînée par ici.

La jeune fille essaya de rattraper le volant avec son éventail.

— Prends garde, prends garde, dit A-Tei. Si tu tombais à l’eau, je ne pourrais pas te repêcher, et on te verrait beaucoup mieux que le volant. Que répondrais-je à ta vénérable mère, qui ne manquerait pas de me dire : « Où est la noble Princesse-Blanche, vilaine A-Tei ? Qu’as-tu fait de Princesse-Blanche ? Viens ici que je te fouette. » Ne te noie pas, maîtresse, je n’ai pas envie d’être fouettée.

— Tu ris, s’écria Princesse-Blanche ; je ne veux pas que l’on rie tant que je verrai le volant sur le lac.

— C’est bien, méchante maîtresse, je vais me jeter à l’eau, le volant enfoncera.

— Tu me donnes une idée, dit Princesse-Blanche ; lançons des pierres sur le volant.

— Les pierres tomberont au fond, mais le volant qui a des plumes bleues et vertes remontera sur l’eau pour nous taquiner.

— Tu crois, petite ?

Derrière la palissade, Sang-Yong brûlait d’envie d’aller au secours des deux jeunes filles ; il hésitait ne sachant de quelle façon, ni sous quel costume se