Page:Gautier - Le Paravent de soie et d’or, 1904.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


LE JOAILLIER DE FOU-TCHEOU


Si vous étiez allé en Chine et si vous vous étiez reposé un jour sous un pêcher en fleur, au bord d’un lac ou d’une rivière, vous auriez pu voir subitement filer, avec un cri aigu, une vision éblouissante aussitôt disparue : était-ce une flamme, une étoile, une émeraude vivante ? Elle secouait des frissons lumineux et multicolores. Votre œil étonné la cherche çà et là et croit n’avoir rien vu. C’était un oiseau ! Le voyez-vous maintenant suspendu à ce long glaïeul qui se balance doucement au-dessus de l’eau ? Regardez-le vite, car il songe déjà à repartir. Vous aviez bien vu, c’est un joyau, un feu vivant ; dans ce rayon de soleil, il a des scintillements comme les pierreries ; ses ailes sont des émeraudes et les plumes de son ventre son teintes dans le sang des rubis. Il a au