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LES SEIZE ANS DE LA PRINCESSE

minces feuilles de nacre, d’un grand lampadaire, se soulevait à demi sur sa couche, et feuilletait un livre, cherchant, pour l’emporter dans son rêve, un poème sur le printemps.

Ses femmes finissaient de l’habiller, lorsque Fiaki, le lendemain matin, entendit la musique d’un orchestre et les chants de voix nombreuses éclater sous ses fenêtres.

— Ah ! c’est vrai, c’est ma fête aujourd’hui, dit-elle avec un mouvement d’ennui, pourquoi suis-je née en hiver ?

On écarta les châssis des fenêtres.

— Voyez donc quel beau temps, maîtresse !

Le ciel, en effet, comme s’il eût été un simple courtisan, s’était, pour cette fête, paré d’un bleu très doux, dans lequel roulait un gai soleil, d’un or un peu pâle.

Languissamment, la princesse s’avança sur la galerie extérieure et s’accouda à la balustrade. Mais alors, quel cri de surprise et de joie ! Qu’est-ce qu’elle voyait là ? était-ce possible ? des fleurs, partout des fleurs ! le printemps était venu !

Elle se frottait les yeux, croyant rêver.

— Comment, disait-elle, en se tournant de tous côtés, en courant d’un bout à l’autre de la galerie, les amandiers ! les pêchers rouges ! les pommiers blancs et roses, et les grands arbres ! quel miracle.

Par toutes les avenues affluaient les visiteurs, venant rendre leurs devoirs à la princesse, les sei-