maison des Plumes-de-Poules[1] est préférable à celui où l’avarice a réduit ce malheureux homme ; le fricot que se préparent les prisonniers, de leur main un instant désenchaînée, vaut mieux encore que celui fricassé par le pauvre Cerf-Volant, son domestique, qui a bien de la vertu de ne pas dévorer, avant de la servir, la maigre pitance, dont il n’a que les restes.
— Aïe ! aïe ! Tu nous épouvantes, dit l’un des jeunes gens, mais nous serons courageux. Que ne ferait-on pas pour obliger un ami ?
— Je ne veux pas votre mort, dit Bambou-Noir, en riant ; n’allez pas oublier de dîner copieusement avant de vous rendre à l’invitation de cet avare.
— Bon ! bon ! Nous dînerons d’avance, dirent les jeunes seigneurs, en étouffant leurs rires.
— Éloignons-nous, dit l’un d’eux ; voici que l’on commence à ouvrir les boutiques et le soleil fait étinceler le givre au bord des toits.
Bambou-Noir poussa un soupir et leva les yeux vers les treillis d’une fenêtre.
— Tu vas réveiller Perle-Fine, avec tes soupirs, dit le jeune homme aux belles fourrures.
— Ah ! si je pouvais voir seulement le bout de son ongle, ou l’ombre de sa petite main, sur le papier de la fenêtre.
- ↑ C’est une sorte d’asile public où dorment les mendiants et les vagabonds. Il se compose d’une seule pièce dont le sol disparaît sous un amas de plumes de poules.