Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/100

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variété la plus étrange bariolait cette multitude, les Égyptiens formaient la masse et se reconnaissaient à leur profil pur, à leur taille svelte et haute, à leur robe de fin lin, ou à leur calasiris soigneusement plissée ; quelques-uns, la tête enveloppée dans une étoffe à raies bleues ou vertes, les reins serrés d’un étroit caleçon, montraient jusqu’à la ceinture leur torse nu couleur d’argile cuite.

Sur ce fond indigène tranchaient des échantillons divers de races exotiques : les nègres du haut Nil, noirs comme des dieux de basalte, les bras cerclés de larges anneaux d’ivoire et faisant balancer à leurs oreilles de sauvages ornements ; les Éthiopiens bronzés, à la mine farouche, inquiets malgré eux dans cette civilisation, comme des bêtes sauvages au plein jour ; les Asiatiques au teint jaune clair, aux yeux d’azur, à la barbe frisée en spirales, coiffés d’une tiare maintenue par un bandeau, drapés d’une robe à franges chamarrée de broderies ; les Pélasges vêtus de peaux de bêtes rattachées à l’épaule, laissant voir leurs bras et leurs jambes bizarrement tatouées, et portant des plumes d’oiseaux sur leur tête, d’où pendaient deux nattes de cheveux que terminait une mèche aiguisée en accroche-cœur.