Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/107

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gate, leur queue au flocon soigneusement peigné montraient qu’ils étaient de race pure, et que les pénibles travaux des champs ne les avaient jamais déformés. Ils avaient cette placidité majestueuse d’Apis, le taureau sacré, lorsqu’il reçoit les hommages et les offrandes. Le char, d’une légèreté extrême, pouvait contenir deux ou trois personnes debout ; sa caisse, demi-circulaire, couverte d’ornements et de dorures distribués en lignes d’une courbe gracieuse, était soutenue par une sorte d’étançon diagonal dépassant un peu le rebord supérieur, et auquel le voyageur s’accrochait de la main lorsque la route était raboteuse ou l’allure de l’attelage rapide ; sur l’essieu, placé à l’arrière de la caisse pour adoucir les cahots, pivotaient deux roues à six rayons que maintenaient des clavettes rivées. Au bout d’une hampe plantée dans le fond du char s’épanouissait un parasol figurant des feuilles de palmier.

Nofré, penchée sur le rebord du char, tenait les rênes des bœufs bridés comme des chevaux, et conduisait le char suivant la coutume égyptienne, tandis que Tahoser, immobile à côté d’elle, appuyait sa main, constellée de bagues depuis le petit doigt jusqu’au pouce, à la moulure dorée de la conque.