Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Calme-toi, Nofré, dit le vieux Souhem, ne nous désespérons pas trop d’avance ; il se peut que Tahoser rentre bientôt. Elle a cédé sans doute à quelque fantaisie qui nous est inconnue, et tout à l’heure nous allons la voir reparaître gaie et souriante, tenant des fleurs d’eau dans ses mains. »

Passant le coin de sa robe sur ses paupières, la suivante fit un signe d’adhésion.

Souhem s’accroupit, ployant ses genoux comme ces images de cynocéphales taillées vaguement dans un bloc carré de basalte, et, serrant ses tempes entre ses paumes sèches, parut réfléchir profondément.

Sa figure, d’un brun rougeâtre, ses orbites enfoncées, ses mâchoires proéminentes, ses joues plissées de grandes rides, ses cheveux roides encadrant son masque comme des poils complétaient sa ressemblance avec les dieux à tête simiesque ; ce n’était pas un dieu, certes, mais il avait bien l’air d’un singe.

Le résultat de sa méditation, anxieusement attendu par Nofré, fut celui-ci :

« La fille de Pétamounoph est amoureuse.

— Qui te l’a dit ? s’écria Nofré, qui croyait lire seule dans le cœur de sa maîtresse.