Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/185

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servir vos amours. Tu es beau, elle est libre, riche et vierge. Les dieux eussent vu cette union avec plaisir. »

Nofré revint à la maison plus inquiète et plus bouleversée que jamais ; elle craignait qu’on ne soupçonnât les serviteurs d’avoir tué Tahoser pour s’emparer de ses richesses, et qu’on ne voulût leur faire avouer sous le bâton ce qu’ils ne savaient pas.

Pharaon, de son côté, pensait aussi à Tahoser. Après avoir fait les libations et les offrandes exigées par le rituel, il s’était assis dans la cour intérieure du gynécée, et rêvait, sans prendre garde aux ébats de ses femmes, qui, nues et couronnées de fleurs, se jouaient dans la transparence de la piscine, se jetant de l’eau et poussant des éclats de rire grêles et sonores pour attirer l’attention du maître, qui n’avait pas décidé, contre son habitude, quelle serait la reine en faveur cette semaine-là.

C’était un tableau charmant que ces belles femmes dont les corps sveltes luisaient sous l’eau comme des statues de jaspe submergées, dans ce cadre d’arbustes et de fleurs, au milieu de cette cour entourée de colonnes peintes de couleurs éclatantes, à la pure lumière d’un ciel d’azur, que