Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/23

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pour parfaire sa petite fortune et doter sa fille.

« Je devine que vous êtes des savants, et non de simples voyageurs, et que de vulgaires curiosités ne sauraient vous séduire, continua-t-il en parlant un anglais beaucoup moins mélangé de grec, d’arabe et d’italien. Je vous révélerai une tombe qui jusqu’ici a échappé aux investigations des chercheurs, et que nul ne connaît hors moi ; c’est un trésor que j’ai précieusement gardé pour quelqu’un qui en fût digne.

— Et à qui vous le ferez payer fort cher, dit le lord en souriant.

— Ma franchise m’empêche de contredire Votre Seigneurie : j’espère retirer un bon prix de ma découverte ; chacun vit, en ce monde, de sa petite industrie : je déterre des Pharaons, et je les vends aux étrangers. Le Pharaon se fait rare, au train dont on y va ; il n’y en a pas pour tout le monde. L’article est demandé, et l’on n’en fabrique plus depuis longtemps.

— En effet, dit le savant, il y a quelques siècles que les colchytes, les paraschistes et les tarischeutes ont fermé boutique, et que les Memnonia, tranquilles quartiers des morts, ont été désertés par les vivants. »

Le Grec, en entendant ces paroles, jeta sur