Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/289

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jongleur, le psylle qui joue son air de flûte sur les places suffit à te contenter.

— Ennana, fais ce que je désire, » dit le Pharaon au chef des hiéroglyphites et des magiciens.

Le vieil Ennana se retourna vers le collège des sages qui se tenaient debout, immobiles, et l’esprit déjà replongé dans l’abîme des méditations.

« Jetez vos cannes à terre en prononçant tout bas le mot magique. »

Les bâtons avec un bruit sec tombèrent ensemble sur les dalles, et les sages reprirent leur pose perpendiculaire, semblables aux statues adossées aux piliers des temples ; ils ne daignaient même pas regarder à leurs pieds si le prodige s’accomplissait, tellement ils étaient sûrs de la puissance de leur formule.

Et alors ce fut un étrange et horrible spectacle : les cannes se tordirent comme des branches de bois vert sur le feu ; leurs extrémités s’aplatirent en têtes, s’effilèrent en queues ; les unes restèrent lisses, les autres s’écaillèrent selon l’espèce du serpent. Cela grouillait, cela rampait, cela sifflait, cela s’élançait et se nouait hideusement. Il y avait des vipères portant la marque d’un fer de lance sur leur front écrasé, des cérastes aux