Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/313

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vite qu’une migration de peuple traînant après elle femmes, enfants, vieillards, bagages et tentes ; aussi l’espace diminuait rapidement entre les troupes égyptiennes et les tribus israélites.

Ce fut vers Pi-ha’hirot, près de la mer des Algues, que les Égyptiens atteignirent les Hébreux. Les tribus étaient campées sur le rivage, et, quand le peuple vit étinceler au soleil le char d’or de Pharaon suivi de ses chars de guerre et de son armée, il poussa une immense clameur d’épouvante, et se mit à maudire Mosché qui l’avait entraîné à sa perte.

En effet, la situation était désespérée.

Devant les Hébreux, le front de la bataille ; derrière, la mer profonde.

Les femmes se roulaient à terre, déchiraient leurs habits, s’arrachant les cheveux, se meurtrissant le sein. « Que ne nous laissais-tu en Égypte ? la servitude vaut encore mieux que la mort, et tu nous as emmenés au désert pour y périr : avais-tu donc peur de nous voir manquer de sépulcres ? » Ainsi vociféraient les multitudes furieuses contre Mosché, toujours impassible : les plus courageux se jetaient sur leurs armes et se préparaient à la défense ; mais la confusion était horrible et les chars de guerre, en se lançant à