Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/97

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pourpre se répandit sur ses joues, elle pencha la tête, et la phrase prête à s’envoler ne déploya pas ses ailes sonores.

La suivante crut qu’elle avait touché juste et continua :

« En ce cas, maîtresse, ton chagrin va cesser, ce matin un coureur haletant est arrivé, annonçant la rentrée triomphale du roi avant le coucher du soleil. N’entends-tu pas déjà mille rumeurs bourdonner confusément dans la cité qui sort de sa torpeur méridienne ? Écoute ! les roues des chars résonnent sur les dalles des rues ; et déjà le peuple se porte en masses compactes vers la rive du fleuve pour le traverser et se rendre au champ de manœuvre. Secoue ta langueur, et toi aussi viens voir ce spectacle admirable. Quand on est triste, il faut se mêler à la foule. La solitude nourrit les pensées sombres. Du haut de son char de guerre, Ahmosis te décochera un gracieux sourire, et tu rentreras plus gaie à ton palais.

— Ahmosis m’aime, répondit Tahoser, mais je ne l’aime pas.

— Propos de jeune vierge, répliqua Nofré, à qui le beau chef militaire plaisait fort et qui croyait jouée la nonchalance dédaigneuse de