Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
149
le second rang du collier

Elle nous laissa quelques regrets et de bons souvenirs.

Longtemps, la cadence des vers chanta dans notre mémoire. Nous avions même pris l’habitude, Théophile Gautier tout le premier, de ne presque plus parler que par citations. La première pièce, spécialement, se prêtait à ce jeu et nous fournissait nombre de maximes, s’appliquant aux petits faits de la vie. Aussi mon père répétait-il souvent :

— Tout est dans Pierrot posthume !



Dès les premiers jours du printemps, il y avait dans le jardin des fous, en face de notre maison, un rossignol, qui chantait avec un éclat incomparable. C’était certainement un vieux maître, qui possédait toutes les subtilités de son art, et dont les jeunes devaient étudier la manière, de loin, en silence. Nous attendions son arrivée, et, de nos fenêtres, nous l’écoutions sans nous lasser, en l’admirant sans réserves. Il le savait, peut-être, car il venait toujours se percher tout près de la rue, sur les arbres d’en face. Par les soirs de clair de lune, il nous donnait vraiment de merveilleux concerts. D’ailleurs, à l’éclosion des lilas, ce coin de la rue de Longchamp devenait particulièrement splendide : tout le parc du docteur Pinel était en fleurs,