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le second rang du collier

J’installai là une table étroite et une chaise, et cette cellule devint ma retraite favorite. Je me mis à fouiller dans le chaos des bouquins disparates, presque tous reliés en veau blanc ou en cuir fauve. On y trouvait de tout : histoire, romans, poésies, philosophie, livres de piété ou d’étude. Après avoir remué beaucoup de poussière, je découvris un traité de géométrie. La géométrie fut, pour le moment, la science élue. Aussitôt je me mis à l’œuvre, m’efforçant à comprendre, m’acharnant des heures entières sur un passage embrouillé, la tête dans mes mains, les sourcils froncés, cherchant à percer les obscurités d’un style souvent imparfait.

La fenêtre donnait sur la rue et, quelquefois, pour dissiper la migraine, je m’y penchais ; les bras dans la gouttière, mes regards plongeant sur l’immense parc du docteur Pinel, je me laissais aller à de longues rêveries.

Mais je revenais au devoir : je traçais des lignes, des carrés, des triangles ; j’eus l’ambition de mesurer la hauteur d’une tour…

Le problème de la quadrature du cercle m’arrêta net ; il était bien évident que là où tout le monde avait échoué, j’allais réussir, et que c’était moi qui le résoudrais. Je perdis beaucoup de temps à cette recherche, puis, je l’abandonnai brusquement et, avec elle, la géométrie.

La géologie lui succéda et je lui trouvai beaucoup de charme ; elle me semblait même trop sé-