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Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/216

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le second rang du collier

nous frappa. Il semblait très petit garçon, l’écoutait sans rien dire, dans une sorte de recueillement, et le regardait avec une expression de respectueuse tendresse, vraiment charmante.

Nous ne trouvions pas le numéro du Moniteur qui contenait le document cherché. Mais bientôt le grand Dumas, agacé par ce bruit de papier froissé, nous avoua, qu’au fond, il n’avait pas du tout besoin de cet article.

On déboucha du pale ale, et j’en versai au bon géant, qui, debout devant la cheminée, me regardait en souriant. Alors, levant son verre contre la flamme de la lampe, il me dit :

— C’est drôle ! tes yeux ont tout à fait la couleur de cette bière.

Il faisait jour quand il nous quitta, pour aller, disait-il, dormir quelques heures, avant de boucler de nouveau sa valise.

Un mois plus tard, je le rencontrai boulevard de la Madeleine. Je courus à lui et, sans hésiter, il me serra avec effusion sur les vastes pentes de son gilet de nankin. Mais, aussitôt après, il me demanda :

— Qui es-tu, toi ?…

Je le revis une autre fois, chez M. Robelin, qui l’avait invité à déjeuner. Ce jour-là, je lui présentai Ting-Tun-Ling, et nous lui demandâmes, très solennellement, l’autorisation de traduire en chinois les Trois Mousquetaires.