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Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/317

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le second rang du collier


Cette coupe extravagante nous réjouissait beaucoup, et celui qui avait inspiré la satire me semblait un personnage très curieux. Vacquerie était d’ailleurs fort aimable avec les jeunes filles et se plaisait dans leur société. Il se rapprochait volontiers du coin où nous nous cantonnions avec Berthe, et d’où nous écoutions discrètement la conversation, observant les causeurs et chuchotant parfois quelque malicieuse remarque. Vacquerie s’intéressait à nos petites affaires, aux histoires de chiffons, ou bien il nous faisait rire en nous débitant d’impossibles paradoxes avec un imperturbable sérieux.

Quelquefois, c’était chez nous qu’on se réunissait, et, après le dîner, on récitait des vers du « Père » exilé dans l’île, ou bien Théophile Gautier faisait connaître à ses hôtes une pièce nouvelle d’Émaux et Camées. Un soir, Vacquerie lut à haute voix un désopilant article intitulé : Une paire de bottes. C’était le récit des mésaventures d’un critique dramatique, torturé par des bottes trop étroites et qui a l’imprudence de les retirer, sournoisement, en pleine salle de spectacle. Le morceau, détaillé par l’auteur d’une voix monotone, d’un air grave et morne, était d’un comique suprême, et cette lecture augmenta encore mon estime pour celui qui avait découvert que :


Les tours de Notre-Dame étaient l’H de son nom !