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XII


Mohsin-Khan m’avait demandée à mon père. Mais un mystère planait sur cette démarche, qui ne semblait pas avoir été accueillie très favorablement. Je ne m’expliquais pas pourquoi on ne m’en disait rien, et j’étais curieuse de connaître la cause de cette réserve. Ce fut Marguerite de la Grangerie qui me la révéla. Le général avait été obligé de faire un aveu, d’expliquer sa situation, qui, très normale en Asie, pouvait paraître singulière à un Européen : il était marié en Perse, mais dans des conditions particulières ; il s’agissait d’un mariage temporaire, qui se dénouait de lui-même, après un certain nombre d’années, si l’on ne renouvelait pas l’engagement. Le terme fixé était échu ; Mohsin-Khan allait retourner dans son pays, pour régler cette affaire et revenir complètement libre.

Mon père jugea qu’en l’état des choses il n’était pas possible d’examiner la demande, ni d’y faire aucune réponse, qu’il fallait attendre, pour cela, le fait accompli et le retour de Perse. On fit même comprendre au général, très assidu à Neuilly, qu’il devait, jusqu’à nouvel ordre, espacer ses visites.