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le second rang du collier

a été inspiré par ce berceau creusé en tombe.

J’entends Mario qui chantonne en montant l’escalier, et je me dépêche de descendre un étage pour le rejoindre dans son cabinet.

Cette pièce a un peu plus de caractère que le reste de l’hôtel. Une bibliothèque à hauteur d’appui, dont le dessus forme table, l’entoure et supporte des statuettes et des bibelots. Les livres, nombreux, sont richement reliés : le marquis de Candia est un lettré et soigne beaucoup sa bibliothèque. Mais des couronnes, des palmes, des branches de laurier en or et en argent, appendues ça et là, trophées de soirées triomphales, ramassés à tous les coins du monde, font souvenir que l’illustre chanteur se doit à son art et n’a pas autant de loisirs qu’il le voudrait pour feuilleter ses volumes.

— Donne la photographie.

Je la tire de ma poche et la sors d’une double enveloppe.

— Quel bel homme ! s’écrie Mario, qui examine son image en riant ; ça ne m’étonne pas qu’il fasse encore rêver les pensionnaires.

Il met un binocle et s’assied, pour écrire quelques mots au dos de la carte, tout en soupirant :

Ah ! povero !

Pendant qu’il secoue de la poudre d’or sur l’écriture pour la sécher, son domestique se présente :

— Monsieur, dit-il, il y a en bas une dame qui désire voir monsieur un instant.