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Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/93

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le second rang du collier

et d’autre, des promesses solennelles d’urbanité parfaite et de patience inébranlable. Chacun s’y efforçait de son mieux ; mais le meilleur moyen d’éviter les chocs, c’était de réduire les rapprochements au strict indispensable. Ma mère profitait de la présence des tantes pour faire ses courses à Paris et nous laissait avec elles ; j’aimais à les entendre parler du grand-père, de Montrouge, où j’avais tant gamine, et de ces temps, déjà lointains, où j’avais si bien mérité les surnoms violents d’Ouragan et de Chabraque.



À la Renommée du Ratafia. — Cette affirmation, en grosses lettres rouges et noires, peinte sur le mur de l’épicier qui fait le coin de l’avenue de Madrid et de l’avenue de Neuilly, attire le regard, quand on passe, et reste dans le souvenir. Mon père la lit tous les jours, du haut de l’omnibus, et l’idée du ratafia le hante.

— Sais-tu ce que c’est, seulement ? me demande-t-il.

— Pas du tout !

— C’est une liqueur légère que l’on fait de toutes sortes de fruits, mais surtout de cassis. La maman de Rodolfo réussissait très bien le ratafia et en donnait à mon père qui l’aimait beaucoup… Je ne le détestais pas… Nous irons en goûter, un de ces