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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

et il déclara que cette quatrième représentation de Tristan serait la dernière, qu’il n’en tolérerait plus d’autre.

En effet, l’œuvre ne fut plus donnée.

— Je crois que je n’avais pas le droit d’infliger à un homme un tel état de trouble, disait Wagner.

Vivre Tristan ! brûler de sa passion, souffrir ses souffrances, s’enivrer de ses extases, mourir sa mort !…

De la fatigue physique il n’était pas même question : Schnorr n’en éprouvait aucune ; mais cette exaltation surhumaine, cette émotion, cette fièvre de l’âme, c’est cela que le Maître ne permettait plus. Le succès arrêté, les recettes fructueuses manquées, ces considérations inférieures ne préoccupèrent pas un seul instant ces généreux esprits.

Mais un projet grandiose s’ébauchait, dans le cerveau de Wagner.

Avec la certitude de l’importance indicible de Schnorr pour mes créations d’art un nouveau printemps d’espoir entra dans ma vie.

Le lien était donc trouvé qui relierait mon action au présent. Le moment était venu d’enseigner et d’apprendre. Ce qui avait été universellement méconnu, déclaré