Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/26

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II

C’était vrai !…

Seul, debout, coiffé d’un grand chapeau de paille, Wagner nous attendait sur le quai. Nous ne l’avions jamais vu, mais comment ne pas le reconnaître ?…

Lui, qui n’avait aucune idée de notre aspect physique, comptait sur nous pour le découvrir. Immobile, bien en vue, il regardait pourtant, avec une attention intense, le flot des arrivants.

Ce fut moi qui m’élançai vers lui, dans une effusion de joie qui domina toute autre émotion. Il nous enveloppa tous de ce regard fixe et lumineux qui vous scrutait jusqu’à l’âme, et il nous serra les mains.

Après un moment de solennel silence, il sourit et m’offrit son bras.

— Venez, me dit-il. Si vous ne tenez pas