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LE COLLIER DES JOURS

de tarlatane. Devant son miroir, elle commence à ôter ses bijoux, à enlever les fleurs de sa coiffure, en se remémorant les incidents de la soirée, les madrigaux, les médisances, les toilettes plus ou moins réussies, les petits ridicules de ses bonnes amies, dont elle rit encore.

Comme elle a beaucoup dansé, elle est très lasse et se réjouit à l’idée de repos.

Mais soudain un coup de sonnette retentit. La dame s’effraie :

Qui peut sonner chez moi à pareille heure ?

Les domestiques sont couchés. Elle n’ose pas ouvrir d’abord ; cependant elle se décide : quelqu’un de ses proches, peut-être, est malade et la fait demander.

Paraît un étrange jeune homme, long, mince, les mèches en saule pleureur, l’air gauche et suffisant.

— Vous vous trompez, sans doute, d’étage, monsieur, car je n’ai pas l’honneur de vous connaître.

— Comment, madame, vous ne me remettez pas ? Vous me connaissez pourtant très bien : nous nous sommes rencontrés dans le monde et je suis venu une fois chez vous à une soirée. D’ailleurs, voici ma carte !

— En effet… oui, je crois me souvenir ; vous ne