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LE COLLIER DES JOURS

Quand, après avoir repris une tenue correcte, nous redescendîmes l’escalier, pour rentrer au salon, le Maître vint à notre rencontre, et, feignant de ne pas nous avoir reconnus sous nos déguisements :

— Mon Dieu ! s’écria-t-il, où donc étiez-vous ? Pourquoi arrivez-vous si tard ? Il est venu ici une troupe de comédiens prodigieux, qui nous ont joué une pièce incroyablement drôle… Quel malheur que vous les ayez manqués ! Jamais on ne reverra une chose pareille !…

Quand aux dignes visiteurs, cause première de cette unique représentation, graves, imperturbables, droits sur leur siège, dans leurs sévères costumes, ils n’avaient pas bronché, écoutant attentivement, regardant de tous leurs yeux, mais comprenant, sans doute, fort peu.

Ils sont, je crois, restés persuadés que c’était là une œuvre nouvelle du Maître, quelque fragment inédit, peut-être, de l’Anneau du Nibelung !