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Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/43

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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

faut accuser sa connaissance imparfaite du français. Aucun de nous n’ose lui dire qu’en écoutant Villiers il en est ainsi pour tous, qu’il entortille le plus souvent ses idées en des spirales de phrases inintelligibles, à travers lesquelles fusent des lueurs et des scintillements. Avec un peu d’habitude, on ne prend garde qu’à ces clartés : mais le Maître ne sait pas.

Alors il raconte, comme pour s’excuser, un incident que son incompréhension du français a causé naguère, alors qu’il habitait Zurich.

Un chef d’orchestre, alsacien ou belge, ayant en tout cas un accent spécial, lui parlait des diverses façons de diriger et blâmait certaines routines, néfastes, à son avis, et il appuyait son dire par ces mots qu’il répétait avec insistance :

— C’est comme je vous assure…

Wagner entendait : « C’est comme chez vous, à Zurich ».

Agacé d’abord par cette affirmation peu courtoise, il finit par se fâcher tout à fait et défend, avec véhémence, l’orchestre de Zurich, que lui-même a dirigé quelquefois.

L’interlocuteur ne s’explique pas comment il a provoqué cette colère : il est consterné,