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VI



Le Maître s’est mis au piano.

Il nous raconte le poème de Siegfried, sur lequel il compose, en ce moment. Il joue les thèmes, à mesure, déclame, chante, avec un entrain, une violence incomparable, une expression si parfaite que l’on croit voir le drame se dérouler. À l’instant où le héros, qui vient de reforger l’épée, fend d’un seul coup l’enclume et que Mime, d’épouvante, tombe à la renverse, Wagner se lève et disparaît presque entièrement dans le grand rideau de satin violet, pour nous mieux faire comprendre l’effroi du gnôme. Il en ressort en riant et déclare que, « n’étant pas du tout pianiste, cette musique de l’avenir est trop difficile pour lui ».

— Je me tirerai mieux du second acte, dit-il.