Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
LE COLLIER DES JOURS

Nous jouons, sans accrocs. Je me fais l’effet d’une somnambule qui marche dans une gouttière.

Il me semble que cela dure bien longtemps.

Enfin, à la troisième page, c’est Wagner qui s’embrouille et s’arrête, en déclarant que ça devient trop difficile.

— Comme vous allez bien en mesure ! s’écrie-t-il.

Et il me complimente sur ma façon remarquable de rouler les trémolos.

C’est là une supériorité que je ne me connaissais pas et qui s’est certainement révélée pour la circonstance, à cet instant précis.

Mon trémolo est d’ailleurs resté célèbre à Tribschen — et même à Wahnfried. — Mais j’ai vécu sur ma réputation et je ne me suis jamais risquée, malgré les sollicitations, à le faire trembler de nouveau.

Wagner me fit présent de l’exemplaire où j’avais si anxieusement déchiffré cette marche de cavalerie, et il écrivit au-dessus de la première ligne

« À cheval ! à quatre mains ! »