Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/226

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— Ah ! sire, j’ai le cœur navré et je suis profondément ému de voir un prince catholique avoir tant de scrupules et de doutes en sa conscience… Tenir de tels discours au retour d’un saint pèlerinage !… Mais, puisque vous le voulez, débattons, Ne confessez-vous pas que Dieu est juste ?

— Certes, je le confesse.

— Il appartient à celui qui est juste de rendre le bien pour le bien et le mal pour le mal.

— C’est vrai.

— Or cela ne se fait pas toujours en cette vie, car il y a, au siècle présent, plusieurs gens de bien qui n’endurent que malheur et adversité, quand les méchants, au contraire, jouissent d’une félicité constante.

— Cela est certain..

— C’est pourquoi, conclut Guillaume d’un air triomphant, il faut reconnaître que la résurrection de la chair est certaine et, qu’en l’autre vie, se fera la rémunération du bien et du mal méritée en ce monde, car il ne se peut pas que Dieu laisse le bon puni et le méchant récompensé.

— Ta réponse me plaît grandement ! s’écria le roi. C’est au point que, par ta parole, tu as ôté tout le doute qu’il y avait en mon cœur.