Page:Gautier - Le Vieux de la montagne, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/285

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velle que je sais depuis longtemps, et que je tiens pour fausse.

— Le messager ne peut que rapporter le message. N’ai-je pas fait au mieux cependant en vous amenant ce noble chevalier du Temple, afin qu’il vous redise lui-même la réponse du grand-maître ?

Le Templier, un homme robuste, trapu, à l’air brutal, fort laid et privé d’un œil, qu’une pointe de lance lui avait emporté, salua le roi.

— Sire, la vérité, la voici, dit-il : le meurtrier de Boabdil, l’ambassadeur du Vieux de la Montagne, est parti pour Rome, afin de demander au pape l’absolution.

— C’est faux ! Aucun Templier n’a quitté la Terre sainte, dit le roi. Et, cela fût-il vrai, cette expiation ne nous suffit pas. Dès demain, vous retournerez vers Odon de Saint-Amand et vous lui direz que voici mon dernier mot : Si la satisfaction que je demande m’est refusée, si on ne me livre pas immédiatement le coupable, je marche sur la commanderie du Temple et je la détruis de fond en comble.

Gauthier du Mesnil dissimula à peine un sourire moqueur devant cette menace, que le roi,