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Page:Gautier - Le capitaine Fracasse, tome 1.djvu/226

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LE CAPITAINE FRACASSE.

blottis sous la toile de la bâche pour laisser passer la rafale, et se pressaient les uns contre les autres afin de profiter de leur chaleur mutuelle. Enfin l’ouragan tomba, et la neige, suspendue en l’air, put descendre moins tumultueusement sur le sol. Aussi loin que l’œil pouvait s’étendre, la campagne disparaissait sous un linceul argenté.

« Où donc est Matamore, dit Blazius, est-ce que par hasard le vent l’aurait emporté dans la lune ?

— En effet, ajouta le Tyran, je ne le vois point. Il s’est peut-être blotti sous quelque décoration au fond de la voiture. Hohé ! Matamore ! secoue tes oreilles si tu dors, et réponds à l’appel. »

Matamore n’eut garde de sonner mot. Aucune forme ne s’agita sous le monceau de vieilles toiles.

« Hohé ! Matamore, beugla itérativement le Tyran de sa plus grosse voix tragique et d’un ton à réveiller dans leur grotte les sept dormants avec leur chien.

— Nous ne l’avons pas vu, dirent les comédiennes, et comme les tourbillons de neige nous aveuglaient, nous ne nous sommes point autrement inquiétées de son absence, le pensant à quelques pas de la charrette.

— Diantre ! fit Blazius, voilà qui est étrange ! pourvu qu’il ne lui soit point arrivé malheur.

— Sans doute, dit Sigognac, il se sera, pendant le plus fort de la tourmente, abrité derrière quelque tronc d’arbre, et il ne tardera pas à nous rejoindre. »

On résolut d’attendre quelques minutes, lesquelles